14-18
La guerre de 1914-1918 est une
étape cruciale et originale de la mise en oeuvre des politiques
d'encadrement des opinions au XXe siècle.
En réalité, la censure
militaire par les commissions de contrôle de presse des régions
militaires françaises, celle de la préfecture de police de Paris pour
les spectacles de cabaret, music-halls et théâtre, la surveillance par
le contrôle postal ne résument pas, loin s'en faut, la censure mise en
place en 1914.
Interdire les écrits et les
paroles antipatriotiques d'instituteurs pacifistes, à l'instar des Mayoux
en 1916-1917, procède d'une politique d'encadrement de l'opinion publique
dans une guerre longue où celle-ci participe de la victoire.
La censure de la Grande Guerre, pas plus qu'elle
n'est l'héritière de la censure académique, des moeurs et de la pensée
politique du XIXe siècle, n'est la devancière de celle de 1940-1944, des
années algériennes ou des débuts de la Ve République (on pensera au théâtre
censuré sous de Gaulle. Cf. Pascal Ory (dir.), La Censure en France,
Complexe, 1997). Car elle est sous contrôle politique des gouvernements,
ceux-ci établissant, jusqu'en conseil des ministres, des consignes de
censure touchant à toute l'information .
Ces consignes de censure, permanentes ou
temporaires, visent à établir un "système d'informations" -
formule du député de l'Aube Paul Meunier en janvier 1916, entendant par
là "un système d'informations retardées ou retenues pour le
communiqué et la presse" - reliant censures et propagandes avec
l'objectif d'encadrer et façonner l'opinion publique française. La
censure est bien tournée vers l'intérieur du pays autant que vers l'extérieur
(l'adversaire mais aussi ses propres alliés), non pour confisquer la démocratie,
mais pour que l'opinion tienne dans une guerre dont la fin n'apparaît pas
aux contemporains.
Ces consignes reposent dans les 200 registres de
censure conservés par la Bibliothèque de documentation internationale
contemporaine à Nanterre. Ces registres démontrent que l'établissement
des consignes n'est pas le fait des seuls militaires, qui obéissent aux
ordres du ministre de la Guerre et non au Grand Quartier Général dont la
section d'information n'a pas en charge la responsabilité de la censure.
Il suffit de lire les carnets inédits du commandant de Galbert, officier
d'ordonnance puis adjoint du généralissime de 1913 à juin 1916, pour se
rendre compte que l'outil échappe à Joffre qui s'en plaint amèrement,
ou ceux du colonel Herbillon, officier de liaison entre le GQG et le
gouvernement ainsi qu'avec la présidence de la République pour s'en
rendre compte. A l'autre bout de la chaîne hiérarchique, la censure,
hors de la zone des armées où elle est effectivement prise en charge par
l'autorité militaire, est appliquée sous contrôle du préfet, pour le
ministère de l'Intérieur, et par le commandant d'armes, dans les petites
commissions de contrôle de presse des région militaires. Les militaires
ne sont donc pas, de fait, les seuls censeurs, ni ceux prépondérants
dans la conception et l'exécution de la censure.
39-45
Dès avant la guerre, la censure sur la presse est
instaurée et, au printemps 1940, l’autorisation préalable de
publication est réhabilitée. L’effondrement militaire de la France
finit de bouleverser l’univers médiatique, qui passe sous la coupe de
la censure et de l’autorité de Vichy et des occupants. Nombre de
journaux se sabordent. Dans le même temps, les services de propagande
allemands pèsent sur la ligne des journaux autorisés et favorisent la création
d’un éventail de titres voués à la cause de la collaboration. Il
n’y a plus de presse libre. En réaction, la presse clandestine prend le
relais, pour délivrer une information libre.
Journalistes, typographes et imprimeurs clandestins
vivent dans le danger permanent, tant pour ce qui concerne le financement,
l’approvisionnement en papier (très surveillé par les autorités
allemandes) que pour la composition et la fabrication. Ils prennent
d’indicibles risques pour diffuser leurs titres, comme lorsque ces
étudiants parisiens distribuent Défense de la France dans le métro, y
compris à des Allemands (juillet 1943), ou lorsque les passeurs
traversent la ligne de démarcation pour informer la zone occupée. Ils
paient un lourd tribut à la répression.
Mais ce coût humain n’entame par la volonté des résistants,
et bien qu’ils paraissent irrégulièrement, certains titres assurent
d’impressionnants tirages. C’est le cas de Défense de la France
(jusqu’à 450 000 exemplaires en 1944), de Franc-Tireur (jusqu’à 150
000), de Combat (200 à 300 000). À la veille de la Libération, le
tirage hebdomadaire des clandestins est ainsi estimé à 2 millions
d’exemplaires
Evolution
des quotidiens nationaux de 1945 à nos jours.
pres la libération de 1945, 63 quotidiens ont été crées à
Paris. De nos jours, il n'en reste plus que 9. La
Croix, Le Figaro, L'Humanité,
sont apparus avant 1939, par contre, France-Soir,
Le Monde et le Parisien Libéré sont nés après l'armistice de 1945.
En 1980 dans beaucoup de grandes métropoles mondiales paraissent
deux ou trois quotidiens. A Paris, on en compte encore une dizaine.
Malheureusement ceci empêche d'avoir un journal phare, qui puisse être
le symbole d'une presse française forte.
A) De 1944 à 1947
C'est après la seconde guerre mondiale que le nombre de
quotidiens a fortement augmenté. Mais cette ascension ne sera qu'éphémère
puisqu' en trois ans (entre 1946 et 1949) vingt et un journaux vont faire
faillite et disparaître aussi rapidement qu'ils sont apparus.
Les quotidiens qui ont survécu sont très souvent influencés
par des opinions politiques. Par exemple le
Monde, accepte les idées des partis politiques de gauche, L'Humanité
sera influencé par le Parti Communiste.
Par contre, Le Figaro est un
quotidien qui est plutôt attiré par les pensées des partis de droite.
Mais par la suite, tout le groupe de presse français va rentrer dans une
crise financière importante qui va empêcher une véritable progression
des quotidiens jusqu'en 1952 environ.
B) De 1948 à 1958
La presse quotidienne a donc connu d’énormes difficultés
après la guerre. Mais la période suivante sera perçue comme très
prolifique. Il y eut une période creuse entre 1946 et 1952, mais de 1952
à 1958 la presse française connut une progression. Cette reprise de la
presse s'est effectuée grâce aux péripéties politiques de la quatrième
république qui intéressait beaucoup de monde et grâce au développement
de la publicité. C'est dans cette période que les quotidiens se
sentirent réellement influencés par les idées politiques qui les intéressaient.
Un des exemples de quotidien qui s'est bien développé
durant cette période est France-Soir.
C'est Hachette qui prend une participation dans ce journal en 1949 et qui
contribue à son développement. France-Soir
existait déjà en 1941 et était clandestin. Il disparaît après la
parution de 47 numéros. C'est en août 1944 qu'il réapparaît sous le
nom de Défense de la France. C'est
en novembre de la même année qu'il prendra son nom d'aujourd'hui France-Soir.
C) De 1959 à 1968.
Cette période semble être défavorable aux quotidiens
d'opinion qui continuent à disparaître. Libération,
quotidien fondé en 1941 dans la clandestinité, est obligé d'accepter
les subventions du Parti Communiste à partir de 1948 et ne parait plus en
novembre 1964. Certains grands personnages de l'époque comme Marcel
Dassault ou Robert Hersant essayeront de créer leur quotidiens mais leur
existence sera de courte durée. C'est dans cette période que les véritables
caractéristiques de la presse quotidienne apparaîtront. C'est à dire
qu'elle cherche à faire évoluer son contenu, à montrer ses idées et,
pour certains journaux, faire évoluer leur diffusion grâce à la création
d'éditions régionales. Puis lors de l'avènement de la cinquième république
un problème se pose. Il semblerait que la presse ne soit plus le moyen de
diffuser l'information le plus apprécié. Le Général de Gaulle
affirmera lui-même "Ils ont les journaux, moi, j'ai la télé".
Dans cet intervalle de temps que France-Soir
passe de 1 128 000 à 880 570 exemplaires, la diffusion de L'Aurore
de 370 000 à 326 000 exemplaires. Mais en même temps, certains
journaux grâce à leur pertinence et à la qualité de leur information,
connaissent le phénomène inverse. Ainsi, Le
Figaro, passe de 392 000 à 424 000 exemplaires. Les grands quotidiens
comme Le Figaro, France-Soir
ou Libération, pour fidéliser
leur clientèle, se lancent dans la création de suppléments régionaux.
D) De 1969 à 1980
Cette décennie sera l'ère d'une crise qui frappe la
presse. Vers 1970-1971, beaucoup de grands titres vont ou ont déjà
disparu : Paris-Presse, Paris-Jour, La Nation...
ont tous fait faillite ces années là. Il est vrai que les mouvements
contestataires de 1968 ont permis la création de quotidiens comme L'Humanité Rouge et
Le Quotidien Peuple, mais ces derniers ne seront jamais de réelles légendes
de la presse française.
Mais ce sont les chiffres de diffusion qui font prendre conscience
de la crise que traverse la presse: Il y eut une chute brutale de la
diffusion en 1969 qui durera dix ans. On passe de 3,3 millions
d'exemplaires imprimés en 1969 à 2.1 millions
seulement en 1980. Durant ces dix années de crise, seules les années
1973, 1974 et 1977 laissent présager un espoir. Celui-ci a été rendu
possible grâce au redémarrage de certains quotidiens comme Libération.
Mais selon le point de vue économique tous les journaux perdent de
l'argent. Même Le Monde qui n'a
jamais eu de compte en banque déficitaire enregistre des pertes en 1977.
Cette crise a évidemment des causes. Tout d'abord, les
causes de cette crise sont économiques. Il faut rappeler que les années
70 ont été marquées par une crise économique très importante. De ce
fait, le prix de la matière première ( le papier) a été triplé. Bien
évidemment, les journaux ont du revoir leur prix de vente à la hausse.
L'autre facteur qui a affaibli la presse quotidienne est le développement
de la TV et de la publicité à la télévision.
Enfin, le dernier facteur qui a aggravé la crise est un problème
humain. Effectivement certains quotidiens ont vu leur direction changer de
main, comme Le Figaro, France-Soir, et L'Aurore et cela
ne leur a pas forcément réussi. Les nouveaux directeurs n'ont pas
toujours réussi à faire aussi bien que leurs prédécesseurs. Par la
suite, tout ne sera qu'une histoire d'actions et de part de marché entre
les différents actionnaires et dirigeants des journaux.
E) La presse aujourd’hui
1°)Forces et faiblesses de la presse.
Dans les années 80, tous les journaux enregistrent des
pertes colossales, La Croix perd
neuf millions de francs, France-Soir
8, Le Monde 7,5, L'Humanité
4 millions, Libération 557 000
francs. Seul Le Figaro réalise
des bénéfices. Mais la crise se prolonge malgré une année 1981 plutôt
bonne, liée aux élections présidentielles et législatives. Après
1985, seuls Le Monde, Le Figaro, Libération
et Le Parisien Libéré ont réussi à retrouver une bonne diffusion et
ont enregistré de meilleures ventes. Puis une idée vient à l'esprit des
dirigeants: pourquoi ne pas créer des suppléments en fin de semaine qui
traitent des thèmes propres à chaque quotidiens?
2°) Les grands journaux aujourd’hui
a)Le Figaro
Le Figaro a été le premier à se lancer dans ce genre d'innovation. Le
premier octobre 1977, Le
Figaro-Dimanche est imprimé. Il s'agit d'abord d'un ajout culturel
qui traite des sujets divers comme la littérature, la science, les
loisirs, les arts... C'est immédiatement un succès et Le
Figaro récupère 10% de ses lecteurs qu'il perdait avant en fin de
semaine. Par la suite, Le Figaro
Dimanche deviendra Le Figaro
Magazine. Le Figaro a donc réussi a bien se développer grâce à la
diversification d’un certain nombre de rubriques et à l'apparition de
suppléments. De nos jours, Le
Figaro est un grand quotidien prospère qui mérite sa place actuelle
dans les kiosques français.
b)Le Monde
Le Monde a connu une véritable crise dans le début des années 80.
Beaucoup de gens ont remis en question son existence et on se demandait
s'il n'allait pas sombrer dans la faillite après avoir été la fierté
de la presse française. Entre 1982 et 1984, son déficit est de 110
millions de francs et de 1980 à 1985, sa diffusion perd 100 000
exemplaires. Fort heureusement, Le
Monde a utilisé la même méthode que Le
Figaro et a mis en place un supplément dominical à partir de
septembre 1979. Puis en 1986, il y a l'instauration d'autres suppléments
thématiques comme les lettres (Le
Monde des Livres), les affaires, le cinéma, qui permettent au
quotidien de redresser la barre et de faire des profits.
c)Libération
Tout comme ses confrères, Libération a essayé de conquérir de nouveaux lecteurs. Ce n'est
pas grâce à la sortie de l'édition lyonnaise en 1986 que le quotidien a
progressé mais grâce à sa politique. En effet,
Libération a réussi à capter grâce à ses enquêtes et à ses
reportages un nouveau public. Il diffuse aujourd'hui plus de 100 000
exemplaires... mais il a connu des périodes de baisse de diffusion en
1986-87. A quoi cela est-il dû ? La quotidien a investi dans une radio
locale à Lyon et cela ne s'est pas révélé rentable.
Conclusion : La
fin de la Seconde Guerre Mondiale a permis la création de beaucoup de
journaux. Libération, Le Figaro ou Le Monde… sont
des quotidiens qui font partie de nos jours des grands noms de la presse
française. Mais tous ont connu leur ère de gloire et de non
reconnaissance. D’autres ont même disparu comme L’Aurore. Les
quotidiens ont fortement contribués à faire de la presse ce qu’elle
est aujourd’hui c’est à dire de former l’opinion publique et créer
un groupe de pression et leur diversité n’a pu que profiter aux
lecteurs français
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