En 1357, Etienne Marcel, prévôt des marchands, achète, place de Grève, la "Maison aux piliers", à l'emplacement actuel de l'Hôtel de Ville. La grève, plage en pente douce, servait de port fluvial pour le déchargement du blé et du bois, et se prolongeait par une place, la place de Grève, où s'assemblaient les Parisiens à l'occasion, notamment, des exécutions capitales.

C'est là que fut écartelé Ravaillac, l'assassin d'Henri IV, et furent brûlés des hérétiques et des empoisonneuses comme la Brinvilliers, la Voisin.
En 1533, François 1er décida de doter la cité d'un hôtel de ville qui fût digne des Parisiens. Il désigna deux architectes : un Italien, Dominique de Cortone, surnommé "le Boccador" en raison de sa barbe rousse, et un Français, Pierre Chambiges. Le Boccador, imprégné de l'esprit de la Renaissance, conçut les plans d'un bâtiment haut, large, lumineux et raffiné. La construction, commencée en 1533, s'achèvera seulement en 1628, sous Louis XIII. Pendant les deux siècles qui suivirent, le bâtiment ne subit aucune transformation.

Cependant, l'Hôtel de Ville du Boccador devint, lui aussi, trop exigu. En 1835, sous l'impulsion du préfet Rambuteau, furent adjoints au bâtiment principal deux pavillons d'angle reliés à la façade par une galerie.

Cet Hôtel de Ville, qui fut le témoin d'événements historiques sous la Révolution française, puis en 1848, devait connaître une fin tragique. La défaite de Sedan, le 2 septembre 1870, provoqua la chute du Second Empire. Les Parisiens, un an plus tard, lors de l'insurrection de la Commune, en mai 1871, incendièrent dans la ville certains monuments symboliques : les Tuileries, la Cour des comptes et l'Hôtel de Ville ; ce dernier brûla huit jours durant. Les archives de la cité et les trésors artistiques qu'il contenait furent détruits. A la fin du soulèvement, le gouvernement proposa de le reconstruire. Un concours fut lancé et deux architectes, Ballu et Deperthes, qui avaient opté pour une reconstruction à l'identique, l'emportèrent. Une souscription nationale apporta les fonds nécessaires, et en huit ans, à peine, le bâtiment fut érigé. On maintint sa double fonction de siège de l'administration municipale et de lieu de grandes réceptions. Pourtant, lorsque le 13 juillet 1882, le nouvel édifice fut inauguré, l'aménagement intérieur n'était pas terminé. La décoration, confiée à des artistes de renom, devait répondre, à la fois, au souci pédagogique et à l'esthétique de la IIIe République. Alors que le peintre historique Jean-Paul Laurens racontait sur les murs les temps forts de l'histoire de Paris, Georges Bertrand célébrait, dans la salle à manger, les vertus de l'Agriculture. Pour la décoration du salon des Arcades s'imposa l'idée de la suprématie et du rayonnement des Arts, des Sciences et des Lettres. A la pâleur hiératique des toiles de Puvis de Chavannes répondait, dans la salle des Fêtes, l'inspiration profane suscitée par les allégories des Parfums et des Fleurs (Ferrié) de la Musique (Gervex) et de la Danse (Morot). Ainsi, le style néo-Renaissance de l'architecture fut associé à une décoration intérieure alliant les fastes mondains à l'art académique.

L'Hôtel de Ville, par la volonté délibérée du gouvernement de la IIIe République, renaissait de ses cendres. La splendeur reconquise annonçait un nouvel essor politique. L'administration de la Ville de Paris fut d'abord assurée par un préfet. Puis, une loi, votée en 1975, fit de Paris, en 1977, une commune comme les autres en permettant aux Parisiens d'élire leur maire.