La chapelle, qui domine la place très animée de la Sorbonne, dans le Quartier latin, est édifiée par Jacques Lemercier de 1635 à 1653. Elle abrite le tombeau du cardinal de Richelieu (1585-1642), réalisé par le sculpteur François Girardon, ainsi que des peintures de Philippe de Champaigne.Jean-Luc Barde/Scope 

 

 

LES ORIGINES

Fondé en 1253 par Robert de Sorbon, confesseur de Louis IX, le Collegium pauperum magistrorum in theologica facultate (que l’on appela officiellement Sorbonne à partir de 1554) était à l’origine un établissement d’enseignement théologique, destiné aux étudiants peu fortunés. Issu d’une famille modeste, le chapelain Robert de Sorbon (1201-1274), devenu un brillant théologien, s’était intéressé au problème de la diffusion du savoir et avait imaginé un lieu où les clercs séculiers, débarrassés des contingences matérielles, pourraient se consacrer aux études. Le roi lui apporta son appui moral et matériel, fournissant, dès 1250, une maison dans le Quartier latin, et le collège put ouvrir ses portes en 1257.

Très vite, l’établissement, doté d’un statut original et administré par des officiers élus (un proviseur, un prieur, quatre docteurs et plusieurs procureurs), acquit une immense renommée dans le monde chrétien. Des maîtres comme Guillaume de Saint-Amour ou Odon de Douai vinrent y dispenser leur enseignement à des élèves qui se partageaient en deux catégories : les membres de la société, qui avaient le droit de vivre dans l’établissement, et ceux de l’hospitalité. 

Toujours au cœur des grands débats théologiques, politiques et philosophiques du moment, la Sorbonne, qui posséda dès 1469 une imprimerie, put affirmer son indépendance. Favorable au gallicanisme, l’établissement s’opposa farouchement aux jésuites (XVIe siècle), puis aux jansénistes (XVIIe siècle) et enfin aux encyclopédistes (XVIIIe siècle). Fermée pendant la Révolution française, comme tous les établissements ecclésiastiques, la Sorbonne fut donnée par Napoléon Ier à l’Université de Paris en 1808.

 

L’UNIVERSITÉ DE LA SORBONNE

 Siège des enseignements de théologie jusqu’en 1886, la Sorbonne accueillit par la suite la faculté des lettres et des sciences. Chef-lieu de l’Académie de Paris depuis 1822, elle abrite aujourd’hui la direction du rectorat de Paris, les universités de Paris I Panthéon-Sorbonne, Paris III-Sorbonne Nouvelle, Paris IV Paris-Sorbonne, Paris V René-Descartes, l’École nationale des chartes, ainsi que certaines sections de l’École pratique des hautes études. Sa bibliothèque, l’une des plus riches de France, compte plus d’1,2 million de volumes.

 

LES BÂTIMENTS  

Il ne reste rien de « la maison ayant appartenu à un nommé Jean d’Orléans », sise « rue Coupe-Gueule, devant le Palais des Thermes », mentionnée par l’acte royal du 21 octobre 1250. Régulièrement agrandie, la Sorbonne fut profondément remaniée sur ordre de Richelieu par l’architecte Jacques Lemercier entre 1626 et 1642. Elle fut entièrement reconstruite entre 1883 et 1901 selon les plans de l’architecte Henri-Paul Nénot. Le Bois sacré (1880-1889), grande fresque symboliste de Pierre Puvis de Chavanne, orne le grand amphithéâtre. D’autres artistes décorèrent les salles de l’édifice : Albert Besnard (la Vie renaissant de la Mort, 1896), Henri Martin (l’Étude, 1908), Alfred Roll notamment. Aujourd’hui transformée en salle d’exposition, la chapelle, ornée de peintures de Philippe de Champaigne, est la seule partie qui subsiste de l’ensemble du XVIIe siècle ; édifiée entre 1635 et 1653, elle renferme le tombeau de Richelieu, réalisé par François Girardon en 1694